La Flûte enchantée à Glynedebourne

La Flûte enchantée

de Wolfgang Amadeus MOZART

enregistrée à Glynedebourne

projetée dimanche 15 novembre 2023 à L’Utopie

et pour se faire une idée de cette production voici ce qu’a écrit Christophe Huss, dans le grand journal  journal québecois « Le Devoir » :

« La réussite du scénographe et costumier André Barbe et du metteur en scène Renaud Doucet est d’avoir en quelque sorte résolu la quadrature du cercle. Le spectacle est beau, drôle et intelligent. C’est une Flûte pour spectateurs de 7 à 107 ans, pour néophytes comme pour férus d’art lyrique. C’est aussi une adaptation en même temps qu’un hommage au théâtre du XVIIIe siècle, au théâtre de marionnettes et de silhouettes, un spectacle ancré à Vienne. C’est un conte, mais qui n’évacue aucunement la dimension maçonnique, avec une portée philosophique et sociologique indéniable, notamment sur la place faite aux femmes.

Bref, c’est extrêmement futé et, surtout, contrairement à nombre de transpositions, pour lesquelles le spectateur doit fermer l’oeil sur bien des impasses et retenir quelques bonnes intuitions, l’ensemble du concept tient.

L’action se passe dans un hôtel, inspiré de celui d’Anna Sacher à Vienne au tournant du XXe siècle (elle en hérita en 1892). Ostracisée, cette propriétaire, blessée dans son amour propre, bien plus que mégère hystérique, s’oppose au grand Sarastro, qui règne sur le royaume des cuisines, nerf de la guerre et clé de la réputation de l’endroit, où les femmes sont cantonnées à des tâches subalternes. Chaque personnage trouve une place astucieusement logique dans ce nouvel univers, la palme revenant à Monostatos. Ce dernier est maintenant campé comme un préposé aux fourneaux, permettant de rétablir sous un nouvel angle les références initiales à sa «noirceur» mauresque.

Idée moins anecdotique qu’il n’y paraît, le cadre « cartoonesque » très poétique montre que tout balance en permanence entre pure comédie et affaires très sérieuses. Cette Flûte est exactement ce qu’elle doit être : une invitation à la surprise, à l’émerveillement, à l’évasion de l’esprit, à la réflexion.
Il y a aussi une relecture profonde de l’ouvrage qui, lorsque se dessine la raison de l’intérêt de Sarastro pour Pamina (la fille de la propriétaire) et que s’opère la rencontre entre l’Hôtel Sacher et le mouvement des suffragettes des années 1900-1910, ouvre des perspectives nouvelles et balaie, in fine, la misogynie généralement accolée à l’ouvrage.

Ce spectacle brillant servi par d’excellents chanteurs et musiciens vaut absolument d’être découvert : la qualité technique est remarquable et la mise en image est de François Roussillon, qui nous change avec bonheur du fameux Gary Halvorson, qui opère, à notre grand désespoir, au Metropolitan Opera. »

(j’aime beaucoup la dernière phrase, qui répond à ma place à la question « pourquoi vous ne passez pas à l’Utopie les opéras du Metropolitan Opera, comme ils le font à Villeréal ? ». par contre, cet article élogieux ne cite pas le nom des chanteurs !  Voici donc à télécharger (pdf) : le programme avec la distribution détaillée)

Vous pouvez aussi par cet autre  lien ici vous reporter à : la page qui a été mise en ligne lors de la projection d’une autre production de la Flûte enchantée (au Royal Opera House) !