La Chauve-souris (Johann Strauss)

La Chauve-Souris

Die Fledermaus

Projection au cinéma L’Utopie de Sainte-Livrade-sur-Lot le dimanche 21 octobre 2018 à 17h30 de la représentation filmée à l’Opéra de Vienne le 31 décembre 2011.

  1. Programme à télécharger
  2. Sentiment ET parodie
  3. La famille Strauss
  4. Le coin des cinéphiles
  5. Charles Aznavour ?
  6. Bonus féministe
  1. Le programme qui sera distribué à la caisse :
    à lire ici en version pdf : 

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  2. Piotr Kaminsky  (extrait de « Mille et un opéras », page 1453) nous permet de mieux comprendre (sans en avoir honte) pourquoi nous succombons au charme de « la chauve-souris » : « Il flotte une magie dans cette partition à la saveur de pêche-melba que l’on doit attribuer au miraculeux équilibre du sentiment et de la parodie, art propre aux génies de l’opérette, et qui consiste à jouer sur les deux tableaux, celui du cœur et celui de l’esprit critique : la tristesse d’Adèle dans le duo avec Rosalinde est feinte, et pourtant Strauss parvient à la rendre presque touchante, quant au trio des adieux, avec l’immortelles polka ‘O je, O je, wie rürht mich dies‘ qui précipite la situation dans l’absurde, il y touille la sauce pathétique,, la saccharine et le vinaigre (puisque tout y est mensonge) à la manière d’un grand cuisinier.[…] Le duo de la montre nous permet de retrouver une véritable situation traduite en musique, et de quelle royale manière : dans l’art de traduire chaque mouvement des personnages, qu’il soit physique ou psychologique, par un motif, un thème développé, un rythme, à la fois précis et métaphoriques, car subtilement distancés de l’objet, Strauss y rejoint Mozart, Rossini ou Verdi. » fin de citation.
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  3. il y a Strauss et Strauss...
    Ce n’est pas très difficile de s’y retrouver :
    Il y a d’abord le Père, le premier musicien de la famille, Johann Strauss (1804-1849), qui a fondé un orchestre et composé des valses d’un style nouveau, auxquelles il donnait un titre et qui avaient une structure type : une courte introduction sans rapport avec le thème développé ensuite. Mais son orchestration était très limitée. Johann Strauss père est surtout connu par la fameuse Marche de Radetsky, vous savez, tidadam, tidadam, tidadam pim pam , celle où le public tape les temps des mains le premier janvier à Vienne :
    Ensuite, on passe à ses fils. Johann Strauss Père a eu 6 enfants avec sa femme et 8 avec sa maîtresse. Non, cela ne s’est pas toujours bien passé, mais on n’est pas là pour cancaner. N’empêche : six et huit quatorze, quatorze enfants, sans recourir à la PMA, ni à la GPA, comment faisait -il ? Trois de ses fils sont devenus musiciens (malgré son avis, car il ne le souhaitait pas) Johann, Josef et Eduard.
    Johann Strauss II (1825-1899) est le compositeur le plus prolifique de la famille . Sa production est ébouriffante : des centaines de valses, et presque autant de polkas, des mazurkas, des quadrilles, des galops. Et une quinzaine d’opérettes, dont « La Chauve-souris« 
    Josef Strauss (1827-1870) a  vécu moins longtemps que son frère ainé et a commencé sa vie par le métier d’architecte. Quand il a rejoint l’orchestre familial, en 1850, il a commencé à composer. Près de 300 morceaux sont répertoriés, souvent avec des idées originales. La fameuse pizzicato polka ( tous les instruments à cordes jouent sans archet, en pinçant des ploums-ploums si possible tous ensemble au même instant) a été co-signée avec son grand frère.
    Eduard Strauss (1835-1870), le troisième fils à devenir musicien. Pour résumer, disons qu’il est particulièrement connu pour ses polkas d’un nouveau style, les polkas rapides (polka-schnell en allemand)  mais il aussi écrit des valses etc bien sûr. Enfin, il est le père d’un garçon qu’il a eu l’idée de nommer … Johann … (les Strauss étaient géniaux pour inventer des mélodies et des rythmes, mais pas pour trouver des prénoms à leurs enfants)
    Johann Strauss III (1866-1939) fils d’Eduard et petit -fils de Johann I est le dernier de la dynastie des musiciens Strauss de Vienne Il a repris l’orchestre familial, mais ce n’était plus comme avant. Il a composé quelques beaux morceaux et une opérette jouée de temps en temps : »Katze und Maus » (Chat et souris).

    Mais Richard Strauss alors ?
    Aucun lien de parenté. Richard Strauss est un allemand, né à Munich en 1864 et mort à Garmisch Partenkirchen en 1949. Il était lui aussi fils d’un musicien, mais sa musique s’inscrit dans la grande évolution post-romantique, post-wagnérienne… Richard Strauss est l’auteur de grands poèmes symphoniques avec des orchestrations magnifiques et touffues développant des flux harmoniques inouïs jusque là : Zarathoustra, une vie de Héros.. il a composé de nombreux lieder, et de très beaux opéras, parmi lesquels : Le chevalier à la rose, Salomé, Ariane à Naxos, La femme sans ombre


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  • Le coin des cinéphiles.
    Un fameux biopic raconte la vie de Johann Strauss II. Dans « The Great Waltz » (titre français « Toute la ville danse« ), film MGM de 1938  tourné à Hollywood  par Julien Duvivier et Victor Fleming, Fernand Gravey joue le rôle de Johann Strauss. Mais ce sont les deux femmes, les deux rivales, qui crèvent l’écran.  Luise Rainer, première femme à recevoir deux oscars pour ses interprétations,  avec son expression toute en nuance des émotions non verbalisées. En voici un bel exemple dans l’extrait suivant : Johann Strauss (Fernand Gravey) chante One Day When We Were Young , mais la rivale fait son entrée… Et, alors que le mâle continue impassible son chant d’amour adressé dans le vague, le visage de Luise Rainer parle pour elle… c’est dramatique et charmant à la fois.(née en 1910, Luise Rainer est morte à l’âge de 104 ans, en 2014). Et puis l’autre femme, la rivale dans l’histoire, était une vraie cantatrice, une soprano d’origine polonaise capable de balader sa voix dans les aigus les plus « stratosphériques »,; Elle portait un nom difficile à lire pour les anglophones : Miliza Korjus. Alors sur l’écran de la bande-annonce, vous allez voir, la production n’hésite pas à écrire dans le générique en-dessous de son nom, comment ça se prononce [Gorgius]. Pour les Francophones on devrait sous-titrer [Gordjieuss]) si on veut le prononcer comme…les américains.

    Les performances dans l’aigu de Miliza Korjus (prononcez ‘militsa gordjeuss’) se situent au début  de la bande-annonce, mais surtout vers 2:30 puis 3:30; Éloignez les verres en cristal….
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  • Que vient faire Charles Aznavour ici ?Parmi les particularités de l’opérette viennoise (nombreuses valses, dialogues comiques ad libitum se référant à l’actualité notamment) il y a aussi la tradition de l’invité surprise. Ainsi Natalie Desay a fait à ses débuts (1993) une prestation remarquée dans la Chauve-souris, à l’opéra de Vienne, en venant interpréter la Frühlingstimmenwaltz au milieu de la fête chez le Prince. (vous trouverez ça facilement  sur Youtube : il suffit de taper Frühlingstimmenwaltz ou Desay Vienne si vous préférez). Mais aussi, de la même façon, lui aussi en tant qu’invité surprise notre cher Charles Aznavour, à Covent Garden, en 1983. (dans une version avec Kiri te Kanawa en Rosalinde et dirigée par Placindo Domingo). Vous ne me croyez pas ? démarrez la video ci-dessous et faites glisser le curseur à 1:52:00. Aznavour, « Prince of love », chante en anglais…. et surtout avec un micro-cravate !

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  • Bonus final : l’ ouverture de la Chauve-souris  sur un orgue électronique des années 80′ par Claudia Hirschfeld dans un restaurant où l’on mange de roboratifs Knödel et une excellente Sachertorte mit Sahne. Prononcez [zarrreur toorteu mit Zaaaneu] et glissez le curseur  vers 5:40 pour voir la virtuosité des haut-talons sur les basses et les percussions. Claudia Hirshfeld se venge : elle est la femme qui remplace à elle seule les 80 musiciens hommes du Philharmonique de Vienne… le dernier grand orchestre à avoir consenti (en 1997 !) à titulariser une femme en son sein. (expression troublante :on se demande lequel.?.).

 

Philippe Roussel

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