Don Pasquale de G. Donizetti

DON PASQUALE

 Opéra-bouffe de Gaetano Donizetti

Au cinéma L’Utopie de Sainte-Livrade-sur-Lot lui  dimanche 24 novembre 2019 à 17h30 , projection de la représentation filmée au Royal Opera House à Londres, le 25 octobre

 

1. Opera-buffa et  Bel Canto

2. Cavatine pour soprano, leçon de chant

3. Duo comique, leçon de scène

4. le programme

1.Opera-buffa et Bel Canto

Il est vraiment dommage que la langue italienne ne soit pas devenue la langue officielle de l’Europe. (Après le Brexit, il faudra bien se reposer la question de l’hégémonie de l’anglais…). Une grande partie du vocabulaire musical est fort heureusement restée en italien. Et quelquefois cela correspond à des nuances subtiles : par exemple « opera buffa » devrait être réservé à des opéras sur le modèle italien du XVII-XVIII siècle (et en ce sens, Don Pasquale, en 1843  peut être dit le dernier ‘opera buffa’) et le mot « opéra bouffe » attribué aux bouffonneries à la française, façon Offenbach (il utilise lui-même ce mot à partir de 1852).

La prédominance de la langue italienne en musique vient notamment du fait que le beau chant (Bel Canto) s’est développé à Rome dès le IV siècle à la Schola Cantorum fondée par celui qui devint Saint Sylvestre. A partir de là et pendant plusieurs siècles il y a eu une véritable suprématie des chanteurs italiens.

Pour l’auditeur, ce qui caractérise le Bel Canto ce sont principalement les ornements : trilles, vocalises, arpègements et les fameuses « acciacature » (une petite note brève qui précède souvent par-dessus l’attaque de la principale), sans oublier le gruppetto, le rubato et le vibrato… Tout ceci étant à utiliser AVEC modération.

Il y a quelques années, dans la deuxième moitié du vingtième siècle, il était de bon ton de dire que le Bel Canto, c’était fini. Mais sans doute  grâce au travail érudit des baroqueux, la formation des jeunes chanteurs et chanteuses actuels est à nouveau excellente. Les conditions  dans lesquelles on les écoute sont bien plus exigeantes qu’avant et ils (elles) brillent souvent dans plusieurs types de répertoires…. (Jodie Devos, Sabine Devielhe…)

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2. Une cavatine pour soprano : « Quel guardio il Cavaliere.. »

Proposition : (1) vous écoutez et vous regardez Nadine Sierra (2) ensuite, vous prenez connaissance des notes prises par des élèves lors des Master Class de Maria Callas à la Julliard School (3) vous suivez la partition piano/chant qui se déroule en écoutant Rosa Feola (4) et vous vous lancez : karaoke opéra ! A vous de chanter ici et  maintenant accompagné(e) au piano. Allez-y, n’ayez pas peur.. Osez.  (5) récompense : vous apprécierez probablement davantage qu’avant cette expérience les talents d’Anna Netrebko, son jeu, sa voix, ses nuances, ses bas et ses aigus, son déshabillé…

Allons-y.

Nadine Sierra :

et ensuite … La leçon de chant de Maria Callas :

Suivez maintenant la partition en écoutant Rosa Feola

et voici le moment très attendu du KARAOKE OPERA : chantez !  accompagné(e) au piano par Hector Valls

Récompense finale : La diva Anna Netrebko

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3. Un duo comique : de la théorie à la pratique… une leçon de scène

Peu avant la fin du troisième acte, examinons la fin de l’ultime duo comique Don Pasquale / Malatesta. Le comique repose sur deux effets simultanés :

(1) le fait que chacun, en aparté, se réjouit en parallèle, du piège qu’il prépare (à son épouse, de la part de Don Pasquale et… à Don Pasquale de la part du Dr Malatesta…)

(2) la vitesse à laquelle sont débités ces propos… Dans un tempo soutenu, les deux chanteurs, le baryton et la basse doivent « chanter ensemble » pendant huit mesures, sur une même note (do) un texte qui est pour chacun un challenge d’articulation ! Sur la partition, l’alignement simultané de syllabes est constant… mais dans la réalité, les chanteurs, s’appuyant sur la rythmique ternaire et écoutant la progression de la mélodie qui les accompagne, ont surtout l’objectif de ne pas se trouver en retard… « rendez-vous à la dernière note » (la blague de musiciens amateurs est ici  mise en oeuvre avec plus ou moins de réussite par les chanteurs). Pour s’entraîner à ce genre de figure rythmique, sans le texte, on peut par exemple s’exercer à  répéter « un-deux trois-quat’-cinq-six » , régulièrement en appuyant sur le Un… de plus en plus vite… puis introduire le texte.

Pour le cas où vous auriez envie de vous amuser avec un camarade (et de jouer enfin à autre chose qu’à des jeux virtuels sur écran avec des « zamis » ou des « zennemis » qui se cachent derrière des pseudonymes ridicules) voici les deux textes et leurs traductions en français. Le but ultime serait d’arriver à articuler à la bonne vitesse, sans erreur et assez fort pour être entendu, sans micro, dans une salle de deux mille places. Bon courage)

Don Pasquale
Aspetta, aspetta
Cara sposina
La mia vendetta
Gia’ s’aviccina
Gia’, gia’ ti preme,
Gia’ t’ha raggiunto,
Tutte in un punto
L’hai da scontar.
Vedrai se giovino
Raggiri e cabale,
Sorrisi teneri
Sospiri e lagrime;
La mia rivincita
Mi volglio prendere
Sei nella trappola
V’hai da restar.
Don Pasquale
Attends, attends
Chère épouse,
L’heure de ma vengeance
est proche ;
Tu me le paieras bientôt
Et en un instant,
Tu recevras ton châtiment.
Nous verrons alors
Si tes manœuvres et tes intrigues,
Tes tendres sourires,
Tes soupirs et tes larmes,
Te serviront encore.
Ma revanche,
Je la prendrai,
Tu es maintenant prise au piège
Et n’en sortira pas.
Malatesta
Il poverino
Signa vendetta
Non sa il meschino
Quel que l’aspetta :
Invano freme,
Invano s’arrabia.
E chiuso in gabbia,
Non puo scappar.
Invano accumula
Progetti e calcoli ;
Non sa che fabbrica
Castelli in aria ;
Non vede, il simplice,
Che nella trappola
Da se medesimo
Si va a gettar
Le Docteur
Le pauvre diable
Rêve vengeance ;
Le malheureux ne sait
Ce qui l’attend :
En vain il frémit,
En vain il se fait du mauvais sang ,
Il se trouve dans la cage
Et ne peut s’en échapper.
En vain il accumule
Des projets et des calculs ;
Il ne sait pas qu’il construit
Des châteaux de cartes ;
Il ne voit pas le naïf,
Que lui-même est en train
De se prendre au piège.

Dans l’exemple enregistré ci-dessous, le premier chanteur (dont nous tairons le nom par charité) donne l’impression de croire qu’en commençant un poil en avance il s’assure de ne pas être en retard… certes, mais au prix d’un décalage flottant qui donne le mal de mer. Et quand le deuxième (dont nous tairons également le nom) attaque « avec » lui le dernier passage supposé « ensemble » on entend un embrouillamini indistinct, qui donne l’impression qu’ils sont d’un seul coup beaucoup plus que deux. MAIS, si vous regardiez la video ( que nous ne montrerons pas, toujours par charité) vous verriez que pendant que leurs voix courent l’une après l’autre, ils gardent l’un et l’autre sur la scène de cette version de concert un parfait contrôle de la situation, surjouant le comique avec des expressions du visage et un professionnalisme imperturbables. Résultat ? tonnerre d’applaudissements du public (moi aussi, sur place dans cette version de concert à Dresde, j’aurais applaudi Thomas Hampton, que j’admire tellement. Ooops, oh pardon, j’ai  parlé trop vite)

Et voici un autre exemple cette fois avec image. Kevin Glavin et Joe Eletto lors du Crested Butte Music Festival (Colorado). Tout se passe très bien, y compris le redoutable papotage accéléré à la mode Rossini. Mais (pourquoi vouloir faire toujours plus ?) il se trouve que ce jour-là les chanteurs avaient convenu de faire un bis (en anglo-américain : to sing « encore »): ils étaient certains que le public applaudirait à tout rompre et demanderait un bis, un « encore« . Ce qui n’a manifestement pas été le cas. Je vous rappelle qu’on est dans le Colorado. Nos deux compères décident tout de même de donner le bis (le fameux dernier passage rapide en duo) et évidemment, c’est « encore » moins facile que la première fois… vous pouvez commencer avec le curseur à 2:10

Une autre façon d’aborder le problème, c’est d’établir une hiérarchie indiscutable. L’un qui conduit et l’autre assis à la place du mort. Sur la vidéo suivante, on voit bien comment la basse qui chante Malatesta (Russell Smythe) SUIT  le baryton Don Pasquale (son Maître, Sir Geraint Evans !) et se règle, se cale sur lui (et l’orchestre aussi). Signalons qu’i s’agit de l’extrait d’un film TV anglais de 1979 : combien de prises ? combien de raccords du son au montage ?? rien à voir avec le « live »)

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4. Le programme

Au format pdf à télécharger… 

comme d’habitude, depuis six ans, le programme, imprimé, sera distribué à la caisse avec le ticket d’entrée (tarif unique :12 €, boisson et petite collation à l’entracte incluses). Oui, la vie est moins chère à la campagne.

Philippe Roussel