COPPELIA ballet de Léo Delibes

Le ballet, en trois actes qui durent chacun 30 minutes, raconte une histoire amusante adaptée à partir d’une nouvelle imaginée et publiée par E.T. A. HOFFMANN en 1817 « Der Sandmann« , le marchand de sable.  Vous pouvez lire une traduction intégrale en français en cliquant ici. Une cinquantaine de pages-écrans. Vous pouvez préférer écouter  paresseusement une voix de femme le lire pour vous en cliquant sur cet autre lien Attention, dans ce cas prévoir une bonne heure sans compter un éventuel assoupissement.

Ce même récit a aussi servi de base à l’opéra d’Offenbach « Les Contes d’Hoffmann ». Point commun spectaculaire de ces deux adaptations très différentes : une poupée qui s’anime ! Dans le scénario (l’argument) du ballet « Coppélia », les deux auteurs français CHARLES NUITTER et ARTHUR SAINT-LÉON ont merveilleusement distribué les quiproquos et les situations qui permettent au spectateur de s’amuser des personnages qui sont pris au piège de l’illusion sur scène. En fait, comme le dit mon beau-frère, qui est psychanalyste, chacun (dans la salle) se libère de cette façon de « l’inquiétante étrangeté » suscitée par la femme-poupée mécanique… D’un autre point de vue, c’est aussi l’occasion d’admirer la virtuosité et la précision de la danseuse jouant entre équilibre et déséquilibre, alternant raideur et relâchement, un parfait exemple de ‘l’ Art de la Chute »  ( Buster Keaton)

 

  1. L’HISTOIRE

Premier acte : Le docteur Coppélius a construit une poupée mécanique, Coppélia, si réaliste que tous ceux qui la voient, exposée sur son balcon la prennent pour une belle jeune fille. Swanilda est fâchée d’apprendre que Franz, son fiancé, veut courtiser Coppélia. (A ce moment, le bourgmestre annonce qu’une fête va être donnée lors de laquelle tous les couples de fiancés recevront des dots de la part du duc). Coppélius sort de chez lui pour sa promenade du soir ; taquiné par des jeunes gens, il laisse tomber sa clé. Swanilda et ses amies la ramassent et s’introduisent dans la maison. Coppélius trouve sa porte d’entrée ouverte et se faufile à l’intérieur pour surprendre les intrus. Franz revient faire la connaissance de la fille du balcon.

Deuxième acte : Swanilda s’approche de l’alcôve qui dissimule Coppélia et, stupéfaite, se rend compte que c’est une simple poupée. Coppélius survient et chasse les amies de Swanilda. Celle-ci se cache dans l’alcôve et se substitue à Coppélia. Franz se montre à la fenêtre ; Coppélius le laisse entrer et le saisit par l’oreille. Il drogue le jeune homme et essaie de donner vie à Coppélia en transférant l’esprit de Franz dans la poupée. Swanilda, qui a mis les vêtements de la poupée et pris sa place, fait semblant de s’animer. Ravi, le vieillard lui apprend une danse espagnole et une danse écossaise. Franz revient à lui et Coppélius comprend qu’il a été dupé.

Dernier acte (déjà!) Le lendemain soir, le duc remet de l’or aux couples de fiancés. Comme Coppélius se lamente de la destruction de ses poupées, le duc le console avec une bourse pleine d’or. Les paysans dansent la Valse des heures. Franz et Swanilda obtiennent leur pardon et tous célèbrent leur mariage.

 

2. La musique

Le noyau fantasmatique sur lequel repose l’histoire est puissant et universel. Le langage de la danse est compris par tous; tout ceci devient encore plus efficace grâce au style de musique composée par LEO DELIBES. C’est une musique de bout en bout généreuse, simple et poétique. Il suffit de l’entendre une fois pour la connaître.. et avoir envie de la chantonner. (envie à la quelle je résiste par respect pour mon entourage) Par. exemple la mazurka :

ou ce galop :

 

mais il y aussi des mélodies moins « carrées » et moins entrainantes, si l’on veut.. Prenons au hasard, pouf pouf, le début du Pas de Deux du dernier acte, intitulé « la Paix ». Un solo d’alto. Léo Delibes a composé là un des plus beaux airs du répertoire de l’alto. (Le violon alto, intermédiaire entre violon et violoncelle joue un rôle important dans l’harmonie de l’ensemble des cordes mais se fait rarement entendre longuement en solo ) Ici, sur un rythme de valse très lente l’instrument chante sur toute l’étendue de son registre. A la manière de la poupée qui se transforme en une jeune fille en s’animant, la voix de l’alto devient humaine en vibrant… Dans cette version 2020 du ROH, vous aurez la chance d’entendre le son chaleureux, la souplesse et toutes les nuances lyriques de la soliste de l’orchestre de l’opéra de Covent Garden, Amélie ROUSSEL. Oui, Amélie Roussel (un de ses oncles est psychanalyste). Ecoutez, même avec un son de qualité vidéo, l’émotion passe, non ?


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3. La chorégraphie et les danseurs :

Vous avez peut-être reconnu dans la vidéo ci-dessus VADIM MUNTAGIROV dans le rôle de Franz et MARIANELA NUÑEZ  en Swanilda. GARY AVIS joue le rôle le plus comique, celui de Coppelius.

La chorégraphie avait été conçue par NINETTE DE VALOIS (1898-2001). Oui, c’est un nom étonnant, en fait un nom d’artiste (elle était irlandaise et si vous voulez savoir son état-civil, il y a Wikipedia pour ce genre d’infos; je ne vois pas pourquoi je dénoncerais ici Edris Stannus d’avoir abandonné un nom à faire rire les potaches) Sa chorégraphie est mise en scène ici par CHRISTOPHER CARR. Sur la vidéo ci-dessous retrouvez-le avec ses danseurs étoiles, tous visiblement très heureux de participer à ce spectacle (ne loupez pas le petit rire bête de Vadim Muntagirov quand il dit que le personnage de Franz est un nigaud, « naughty »… comme lui).

Il passe sur tout ceci comme un grand courant d’air pur, rafraîchissant et parfumé… un avant-goût de printemps.

Rendez-vous est donc pris pour le dimanche 12 janvier à 17 h 30 au cinéma L’Utopie à Sainte-Livrade-sur-Lot.

Philippe Roussel