La Walkyrie

LA WALKYRIE

Die Walküre

Projection en différé au cinéma L’Utopie de Sainte-Livrade-sur-Lot le dimanche 25 novembre 2018, de la représentation donnée au Royal Opera House de Londres, le 28 octobre 2018.

« En France, disait un jour Wagner, trois sortes de personnes s’occupent de moi : celles qui connaissent ma musique, et qui sont rares ; celles qui ne la connaissent pas et qui l’aiment ; et celles qui la détestent sans la connaître. » (incipit du chapitre « Wagner » dans « Grands névropathes – malades immortels » tome I, du Dr Cabanès, 1930).

A quel point vous intéressez-vous à l’oeuvre de Wagner ?

1.Un peu…

2. beaucoup…

3. passionnément…

4. à la folie…

5. pas du tout ?


 

1. Un peu…
Le programme qui sera distribué lors de la projection vous suffira probablement. Au format pdf, à télécharger ici :

Petit complément audio-visuel : cette courte video (en anglais…) vous permettra de voir en répétition le chef d’orchestre, Antonio Pappano,  le metteur en scène, Keith Warner,  et les principaux interprètes, notamment Nina Stemme… Nina Stemme, qui a été si applaudie dans le rôle d’Isolde, au Met en 2016 ? ? oui, c’est bien Nina Stemme qui chante et incarne ici Brünnhilde !

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2. Beaucoup…

Si vous aimez « beaucoup » Wagner (et l’opéra d’une manière plus générale) il faudra penser à vous procurer d’une façon ou d’une autre le livre « Mille et un opéras » de Piotr Kaminsky.  Je ne peux pas tout recopier…Voici un (trop court) extrait à propos de la Walkyrie :

« La popularité de La Walkyrie repose sur une qualité absente du Prologue (L’Or du Rhin) : la sympathie éprouvée par le spectateur à l’égard des héros qui le bouleversent. Peu lui importe que Siegimund et Sieglinde soient frère et soeur, que Wotan épilogue sur le sort de l’univers, ou que Brunnhilde soit une créature surnaturelle. Il n’aura entendu qu’un couple d’amants réunis et aussitôt condamnés, ; un homme qui, rattrapé par son passé, sacrifie ceux qu’il aime, ainsi que les projets de toute son existence ; une jeune femme qui, confrontée à un dilemme où s’opposent l’autorité et le sens moral; choisit le bien et gagne son humanité au prix d’une vie éternelle.

La satisfaction que procure La Walkyrie résulte tout autant de son unité dramatique : depuis les découvertes du premier acte, à travers les conflits du deuxième, jusqu’au dénouement final, l’opéra compte parmi les meilleurs constructions de Wagner, portée par un sentiment de fatalité, sans digressions ni divertissements.. »

… et plus loin cette description de la fin du troisième acte :

« … Brunnhilde a usurpé le droit d’accomplir ce que Wotan désirait sans le pouvoir. Ce faisant , elle a suivi fidèlement la pensée de son divin père : n’est-ce pas la raison pour laquelle il engendra les Wälsung ? Pour Wotan, ce geste est insupportable, tant il lui montre le visage odieux de sa trahison, et son impuissance, mais il n’est pas moins précieux et infiniment pardonnable, tant il révèle en Brunnhilde, sa fille, le reflet de son âme, un autre lui-même. Cette complexité psychologique est un des plus riches trésors de La Walkyrie ; pour l’exprimer, Wagner trouve un motif sublime; lancé par la clarinette basse  et repris par Brunnhilde dans sa prière (‘War es so Schmälich’), il baigne tout le dialogue d’une poignante tendresse, à travers ses magiques transformations – avant de céder aux ultimes sortilèges : le sommeil de Brunnhilde, doublement représenté par une procession d’accords et par un thème-berceuse à l’image des paupières qui se referment, la lance qui frappe le rocher faisant jaillir les étincelles de Loge, le cercle magique de feu qui entoure la vierge endormie (piccolo, harpe, tapis de vents et cordes en arpège), et, pour finir, la promesse du héros, entonné par Wotan et reprise par les cuivres, le tout entremêlé dans un tableau orchestral digne de la tragédie. »

Fin de citation.
Si l’on s’intéresse « beaucoup » à La Walkyrie , on peut remercier un wagnerophile méticuleux qui nous offre sur Youtube la possibilité de suivre en continu la partition d’orchestre (full score) tout en écoutant, d’autant plus attentivement, la Walkyrie … intégralement ! Et grâce au curseur magique, en plaçant votre doigt de souris sur le point rouge qui apparait en bas de l’écran sur la ligne de déroulement temporel, vous pouvez aller directement par exemple au début du deuxième acte vers 1:05:45 ( la chevauchée des Walkyries survient peu après vers 1:07:30 …. le début de la scène 3 du dernier acte, décrite si intelligemment par Piotr Kaminsky ci-dessus avec l’introduction du thème par la clarinette basse se trouve à 3:09:11) ). Le wagneromane à qui nous devons ce passionnant streaming, est un anglais (Thank you very much !). Il a fait de même pour les trois autres opéras du Ring !!

Pour « la Walkyrie » il a choisi la version  enregistrée par Georg Solti et le Philarmonique de Vienne…. Birgitt Nelson chante Brunnehilde, Régine Crespin Sieglinde et Christa Ludwig Fricka

Autre façon de s’intéresser « beaucoup » à La Walkyrie , l’écoute comparative de différentes versions : écoutez cette émission : « La tribune des critiques de disques » de Jérémie Rousseau sur France-Musique, qui était consacrée au Premeir Acte de La Walkyrie..

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3. Passionnément…

A ce stade, le livre de référence est « Le voyage artistique à Bayreuth » , publié en 1900 Par Albert Lavignac. Pendant des dizaines d’années la Bible du Wagnerophile. On y trouve tout : une biographie du Maitre, tous ses opéras sont analysée deux fois, d’abord sur le plan dramatique (le récit) puis sous l’angle musical (les leitmotiv). il y a aussi en annexe la liste de tous les interprètes des premières représentations (!) et même la liste nominative des spectateurs  venus de France pour assister aux premiers festivals de Bayreuth ! Il y a une première partie très pratique (une sorte de guide du routard pour gens aisés..) MAIS surtout il y a cette fameuse première phrase du premier chapitre :

 

Passionnément, « à genoux » !….. Ouvrons maintenant ce livre là où commence l’Analyse musicale du début de la Walkyrie (page 394 et suivantes) Le texte de ce cher Albert Lavignac est complété ici par la possibilité d’écouter les Leitmotive  !

TEXTE DE LAVIGNAC :

« Le prélude représente un orage violemment déchainé ; au milieu des rafales, des éclairs et du tonnerre, des averses, on distingue à plusieurs reprise le thème de l’Incantation du Tonnerre combiné avec le thème propre de la Tempête ; c’est un des plus beaux orages qui existent, soit au théâtre soit dans la symphonie.

leitmotiv La tempête

Au lever du rideau, la tempête se calme.

Alors, les six notes descendantes  (si, la, sol, fa, mi, ré) du motif de la tempête, par une légère modification rythmique, deviennent caractéristiques de La lassitude de Siegmund (lassitude causée en partie par la tempête) venant s’affaler, harassé et poursuivi par l’orage.

A ce premier motif vient presque aussitôt (un peu après l’arrivée de Sieglinde) s’en adjoindre un deuxième qui lui sera très souvent associé ; celui-ci personnifie la tendre sympathie de Sieglinde pour Siegmund et a reçu pour nom la Compassion :

A la suite d’un beau contour de violoncelles sans accompagnement, tiré de La Lassitude, reparaît le motif de La Fuite, que nous avons déjà vu dans » l’Or du Rhin », mais tout autrement rythmé et qui était combiné avec celui de Freïa. Cette fois, il se relie à un autre thème, L’Amour, ce qui peut s’expliquer ainsi :  c’est La Fuite qui a amené Siegmund sous le toit de Sieglinde et, et qui est donc par conséquent la cause occasionnelle de L’Amour :

Au moment où Siegmund, un peu réconforté et déjà prêt à partir, se décide, sur les instances de Sieglinde, à rester sous son toit, se fait entendre pour la première fois l’un des thèmes empreints de noble tristesse qui représenteront dorénavant la race si profondément malheureuse et persécutée, quoique d’essence divine, des Wälsung :

Associé à La Compassion, puis suivi de L’Amour, ce beau thème se fait entendre deux fois, presque de suite, avant l’arrivée de Hunding

Scène II. — Le thème de celui-ci, quoique noble d’allure, forme par sa violence, son rythme dur et sa rude orchestration, un contraste heurté avec le précédent :

etc…

FIN DE CITATION DE LAVIGNAC

On pourrait continuer, mais vous n’avez sans doute pas le temps. Voici donc seulement deux autres thèmes qui apparaissent un peu plus loin et qui sont importants : le leitmotiv phallique de l’Epée (entendu une première fois à la fin de l’Or du Rhin et qui sera repris tout au long de la Tétralogie…)

et bien sûr, le plus connu de tous, le leitmotiv de la Chevauchée,

cette partition « réduction pour piano », un peu floue, désolé, ne rend pas compte de l’instrumentation entendue : tout l’orchestre est mis en branle, c’est-à-dire 32 violons, plus 12 altos, 12 violoncelles, 8 contrebasses et trois harpes, du côté des cordes, et du côté des cuivres : 4 cors et 4 tubas wagnériens s’ajoutant aux 4 trompettes et 4 trombones ! N’oublions pas les bois, 3 bassons et 2 clarinettes basses,3 hautbois et autant de clarinettes et de flutes, plus un piccolo; et les percussions… D’où le volume sonore.

Revenons aux fameux Leitmotive, matière première à  partir de laquelle l’oeuvre est tissée. (Claude Debussy n’aimait pas cet usage des leitmotive,  cette façon, écrivit-il, de « coller des étiquettes » sonores à chaque personnage ou idée). Peu importe l’ironie de Debussy voici le tableau récapitulatif dressé par Lavignac :

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4. A la folie…

Le premier à avoir aimé Richard Wagner « à la folie » est Richard Wagner lui-même. Narcissique et mégalomane, Wagner avait une haute idée de lui-même et de son Art.

Il n’hésitait pas à donner de façon péremptoire son avis sur toutes sortes de sujet. Il a été séduit par l’anarchisme de Bakounine et a notamment écrit un affreux article antisémite (le Judaïsme dans la musique) Et, plus tard, il s’est attendri de façon militante contre les mauvais traitements aux animaux. Dès le début on aurait du se méfier : à quatorze ans, il avait écrit une tragédie (« Leubald und Adelaide« ) dans laquelle il trucide cinquante personnages, qui tous réapparaissent en fantômes au dernier acte. Mais, rassurez-vous, il a toujours aimé les chiens, les grands chiens, danois et terre-neuve,  « la seule consolation de ma vie« , et fait graver sur la tombe de son dernier chien préféré , à côté de celle qu’il se réservait :  « Hier ruht und wacht Wagners Russ » (ici repose et veille le Russ de Wagner)

Le docteur Augustin Cabanès (1862-1928) soignait peu mais écrivait énormément. Il exploitait un filon : l’histoire vue sous l’angle médical  ; il dévoilait les problèmes de santé des personnages historiques.. Dans les trois volumes sur « Les grands névropathes, malades immortels », se trouve une ‘étude’ de Wagner… 50 pages à lire ici si cela vous intéresse.

Le Dr Cabanès ne « déconsidère » pas Wagner, qu’il respecte comme un « génie ».  Il a une façon très datée de parler du système digestif, de soumettre l’écriture à l’examen graphologique, ou encore d’attribuer beaucoup d’importance aux troubles de la vue… Tout cela titille moins notre intérêt que lorsqu’il raconte des anecdotes de comportement, qui témoignent d’une grande Instabilité d’humeur. La plus « psy » des anecdotes n’est même pas exploitée par le Dr Cabanès: il la cite en petits caractères en bas de page, discrètement. Il s’agit de ce que tout le monde a découvert par une lettre de Wagner, rendue public de son vivant (il avait négligé de la récupérer); Wagner avait l’habitude de s’habiller en public de manière ostensiblement « artiste » et cette lettre expose sa petite manie des étoffes . Cabanès :

« Wagner aimait le luxe et les riches étoffes ; l’excentricité de ses costumes a été maintes fois signalée. On l’a souvent dépeint enveloppé dans sa robe de chambre en velours vert, ou bleu de roi, que relevaient de grosses torsades d’or. On a publié une lettre que le compositeur adressait à une couturière de Vienne, pour lui demander des satins de différentes teintes – brun clair, rose sombre, rouge – destinés à doubler sa « robe blanche à fleurs ». La dernière facture, qui se montait à plus de 3.000 francs (nous sommes au XIXe siècle) comportait 249 mètres de satin de toutes nuances, plus six paires de chaussures, également de couleurs variées « à bouquets de rose », et… « une jupe en vraie dentelle » ! Jusqu’à la fin, il aima les gilets à grands ramages, les vêtements ouatés, matelassés, aux piqûres bien proéminentes et aux revers bien voyants. Jusqu’à un âge avancé, il aima se parer de chiffons et de fanfreluches, ne sentant d’aucune manière le ridicule de cette manie, inoffensive au surplus. »

La wagneromanie, comme une maladie épidémique chez les admirateurs de Wagner, a été soigneusement entretenue par le Maître lui-même, puis par Cosima sa seconde épouse. Cette addiction de type sectaire prend des formes qui font sourire : le roi Louis II de Bavière, qui a soutenu financièrement Wagner, au point de faire construire le théâtre de Beyreuth suivant ses désirs (ruineux) était, on peut le dire, fou de cette musique. Dans son château de Lindenhof (non, pas celui de Neuschwanstein qui se trouve sur un piton rocheux et en photo sur des boîtes de chocolat, non Lindenhof, très Kitsch lui aussi) il avait fait aménager un petit bassin intérieur, sur lequel flotte une barque en forme de cygne et il embarquait là pour écouter la musique de Lohengrin exécutée par des musiciens dissimulés derrière les faux rochers… Photo du lieu à voir ici.

FrIedrich Nietzsche, a été victime de Wagneromanie très jeune. Puis il a vécu dans l’entourage du Maître et a célébré son génie dans un de ses ouvrages « Naissance de la Tragédie« . C’est seulement dans les dernières années de sa vie qu’il a réussi à se défaire de l’emprise et il a alors développé longuement les raisons de ce qui est devenu un anti-wagnerisme virulent. Ce sont des raisons d’ordre esthétique, mais aussi philosophique et certains se plaisent à rajouter en le soulignant,  une déception « relationnelle » (une perception de la médiocrité de l’homme après n’en avoir vu que les apparences ostentatoires et théâtrales).

Ici, vous pouvez lire un article assez court, qui résume bien cette histoire.

Cet autre article, « Nietzsche contre Wagner, un couple infernal « paru dans le journal Suisse Le Temps est un peu plus fouillé.

Et bien sûr, sur Internet on peut lire ici en ligne l’un des textes de Nietzsche « Contre Wagner » (dans une ancienne traduction..)

Et aujourd’hui ? Est-ce que  le blogueur cinéphile suivant  est simplement wagnerophile ou bien déjà franchement Wagneromaniaque ?
cliquez ici pour voir une liste de 72 films dans lesquels on peut entendre La chevauchée des Walkyries  (non, il n’y a pas que dans l’hélicoptère d’Apocalyse Now)

Le site Wagnermania, qui est un site espagnol, propose des choses encore plus  inattendues : par exemple, un recensement (avec photos à l’appui) des  272 rues, dans 22 pays différents, qui portent  le nom de  Wagner… (cliquez pour voir !). Il y a aussi sur ce site wagneromaniaque, une page qui montre des photos d’une centaine de lieux où le Maître est passé … mais, plus sérieusement il tient aussi à jour toute « l’actualité wagnérienne » !

Pour finir, revenons à la musique, au chant Wagnerien. Le ténor Lauritz Melchior, en 1940, dans le rôle de Siegmund, au premier acte (au moment où il arrache l’épée de l’arbre pour Sieglinde toute éblouie) lance le double cri orgasmique « Wääääälse ! » le plus long de l’histoire des ténors : il tient la note à chaque fois plus de 16 secondes !  Ecoutez-le ICI, c’est fou. (crescendo phallique jusqu’à 1:40)

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5. Pas du tout ?

Portrait charge d’André Gill (en Une du journal L’Eclipse, 1869, mais en page 2 le texte de l’article consacré à Wagner était au contraire très admiratif : les wagnériens ont de l’humour. Quelquefois)

portrait charge de Wagner par André Gill (1889)Le séjour à Paris ne s’était pas bien passé pour Wagner, et après Tannhäuser (1860) les plaisanteries de ce genre étaent nombreuses . Le journal « Le Charivari » exploite le filon pendant des semaines avec des dessins  de Cham sur de dialogues de Pierre Véron.

29 avril 1860. — Mise à l’étude du Tannhäuser à l’orchestre de l’Opéra.
M. Wagner. — Voyons donc, musicien, donnez la note !
Le Musicien. —Je la donnerai la semaine prochaine ! C’est la musique de l’avenir, j’ai le temps.

13 mai 1860. — Dialogue entre un musicien et un bonhomme penché sur son pupitre :
— C’est difficile à étudier le Tannhäuser.
— Je crois bien! faut faire deux choses à la fois : jouer et bâiller

Le soir de la première représentation (Au contrôle) :
— Cette stalle est plus chère que les autres?
— Oui, monsieur, parce qu’elle est plus près de la porte.

17 mars 1861. — A une répétition du Tannhäuser (Dialogue entre Wagner et un assistant) :
— Sapristi, monsieur Wagner, votre musique fait trop de tapage !
— Va, moi fouloir être entendu d’ici en Allemagne !

Dialogue entre deux amis :
— Tu mènes ton oncle à l’Opéra, mais le pauvre homme est sourd !
— Justement, il a voulu profiter de l’occasion pour voir le Tannhäuser.

Une mère à sa fille, au piano :
— C’est faux ce que tu joues-là, mon enfant.
— Maman, c’est le Tannhäuser.
— Ah ! c’est différent.

Un père à son fils, jeune bambin d’une douzaine d’années :
— Si tu n’es pas sage, je te mène au Tannhäuser!
— Grâce, ne ferai plus, ne ferai plus, serai bien sage !

7 avril 1861. — Dialogue entre deux amis :
— J’ai vendu ma partition.
— Au marchand de musique ?
— Non, au pharmacien.
— Comme somnifère, c’est juste.

À l’hotel
— Monsieur n’a pas besoin d’un lit pour se coucher?
— Non, depuis que je suis allé au Tannhäuser, je dors tout debout.

Le Charivari engage le Comité des Courses à faire exécuter la musique du Tannhäuser pas loin de la ligne, s’il veut être sûr d’un bon départ.

Dialogue entre un père et son fils :
— Papa, je voudrais apprendre la musique.
— Du tout, mon enfant, on ne sait pas comment cela pourrait
tourner ; tu pourrais devenir un Wagner, merci !…

Pour en lire d’autres (?) et surtout pour voir des dessins et lire des anecotes, cliquez ici pour consulter « Richard Wagner en 130 caricatures » de John Grand-Carteret... publié en 1892 !

Anna Russell (1911-2006) a eu pendant des années un succès fou avec son sketch comique sur le cycle des Nibelungen, qu’elle présentait comme une conférence sérieuse en s’accompagnant au piano. En anglais donc, il existe un enregistrement sonore historique, qui date de 1953 et a été illustré pour en faire une video sur Youtube…. (le passage sur la Walkyrie commence un peu avant 8:00). Mais on ne voit pas la « conférencière ».. Alors, préférons cette autre vidéo réalisée en 1980, lorsqu’Anna Russell commença sa tournée d’adieu… (elle dit au début qu’elle fait cette présentation depuis des siècles)

Tolstoï , l’auteur d’Anna Karenine (donc on lui pardonne tout), avait sans doute inspiré Anna Russell. Pour tourner en ridicule Wagner et son « Siegfried » Tolstoï avait rédigé un texte où il se contentait de faire l’idiot, qui ne comprend rien de ce qu’il voit et entend sur scène. Extrait : « …L’acteur portait un maillot de tricot, un manteau de peau, une perruque et une fausse barbe, et, avec des mains blanches et fines, qui révélaient le comédien, il forgeait une épée invraisemblable, à l’aide d’un marteau impossible, d’une façon dont jamais personne n’a manié un marteau ; et en même temps, ouvrant la bouche d’une façon non moins étrange, il chantait quelque chose d’incompréhensible. Tout l’orchestre, pendant ce temps, s’évertuait à accompagner les sons bizarres qui sortaient de sa bouche… » texte entier à lire ici.

Romain Rolland. Dans un article paru en 1902 et consacré à Wagner (« à propos de Siegfried« ) l’écrivain mélomane Romain Rolland recopie intégralement la description ironique de Tolstoï, ci-dessus, et la prolonge par ceci :
« … Je ne disconviens pas que la réalisation scénique ajoute moins qu’elle n’enlève à ces grandes fééries philosophiques. Malwyda von Meysenbug m’a raconté qu’aux fêtes de 1876 à Bayreuth, tandis qu’elle suivait attentivement dans sa lorgnette une scène du Ring, deux mains s’appuyèrent sur ses yeux, et la voix de Wagner lui dit, impatientée : « Ne regardez donc pas tant ! Ecoutez ! » Le conseil est bon. […]  La meilleure façon de suivre une représentation de Wagner, c’est de l’écouter les yeux fermés. Si complète est la musique, si complète est sa prise sur l’imagination, qu’elle ne laisse rien à désirer ; et ce qu’elle suggère à l’esprit est infiniment plus riche que tout ce que les yeux peuvent voir. Je n’ai jamais partagé l’opinion wagnérienne que l’œuvre de Wagner n’a tout son sens qu’au théâtre. Ce sont des symphonies épiques. Je leur voudrais pour cadre des temples, pour décor l’horizon illimité de notre pensée et pour acteurs nos rêves. » (fin de citation)
 

Woody Allen : « I just can’t listen to any more Wagner, you know…I’m starting to get the urge to conquer Poland  » (Je ne peux pas écouter trop de Wagner à la fois, ça me donne envie d’envahir la Pologne)
Mark Twain : « Wagner’s music is better that it’s sound »  ( la musique de Wagner est meilleure que ce que l’on croit en l’entendant)

Le mot de la fin (intraduisible en anglais) :
Pierre Dac : « Walkyrie vendredi, dimanche à l’opéra »

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Philippe Roussel