Norma (Bellini)

Norma

Dimanche 23octobre à 17h30 nous allons donc voir, en différé de Londres, sur l’écran de L’Utopie à Ste Livrade une nouvelle production de cet opéra de Bellini : il fut joué pour la première fois à Covent Garden en 1841 (!), dix ans après sa création et son premier succès en Italie. C’est également sur cette même scène, qu’en 1952 Maria Callas triompha dans le rôle-titre (avant de le reprendre à Paris). La discographie de cet opéra est énorme, et maintenant la liste des versions disponibles en DVD, une quinzaine, continue de s’allonger.

C’est un opéra classique, typique du bel canto, riche en merveilleuses mélodies particulièrement virtuoses et qui mettent en valeur les vedettes. L’air le plus connu de l’œuvre est l’éblouissante aria de Norma, ‘Casta diva’.

Toute l’attention, lorsqu’on écoute ces grands airs de Bellini se focalise sur la mélodie : l’accompagnement orchestral n’est qu’un tapis rouge sur lequel avance majestueusement en pleine lumière le chant, le chant pur : basées sur quelques notes initiales simples, les mélodies composées par Bellini se développent de façon « naturelle », s’enrichissent d’ornements, progressent en intensité dramatique et notre oreille ne peut que se féliciter de les suivre, car ces mélodies qui expriment, mieux que les paroles, la complexité ou l’ardeur des sentiments des personnages stimulent des élans en nous…

Récréation : voici une version de concert de Casta Diva chantée par Maria Callas. Dans cet enregistrement, il y a un moment singulier : le chœur doit commencer à chanter juste après un point d’orgue de la soprano (suspension du tempo, sur cet enregistrement cela se situe à 1’45)  ; mais ce jour-là, probablement parce que le chef, qu’on ne voit pas, n’a pas été assez clair, ou tout simplement sous l’effet d’une anxiété pardonnable, ces dames du chœur ont semé le brin en démarrant trop tôt, d’où un décalage terrible entre la soprano, le chœur et l’orchestre, pendant trois mesures, qui paraissent interminables. Maria Callas continue sa ligne mélodique, accentue gentiment les premiers temps et fait même un geste de la main pour souligner, sinon battre, la mesure : grâce à cette « discrète » autorité magistrale tout rentre dans l’ordre, mais il est amusant de voir comment peu après elle se retourne vers les fautives du premier rang du chœur (on devine le regard noir..); A part ça, c’est superbe.

Le metteur en scène de cette nouvelle production, Àlex Ollé appartient à la troupe de théâtre catalane La Fura dels Baus : depuis une quinzaine d’années ces experts en agitation se sont fait une spécialité de surprendre (choquer ?) par des mises en scène toujours spectaculaires, énormes et débordantes d’imagination… éventuellement en contradiction avec le texte, pourvu que cela ne passe pas inaperçu. Ils appellent « modernisation » cette hystérisation à la mode. La sobriété ils ne connaissent pas. Ici, par exemple, l’histoire de Norma, qui se déroule, d’après le livret, dans la Gaule occupée par les Romains et dont les cérémonies sont des cultes druidiques se trouve déplacée dans un monde (le nôtre ?) où le christianisme est la force oppressante. Des militaires de type fascistes et des déguisements rappelant le Ku-Klux-Klan s’appuient sur des associations d’images manichéennes envahissantes. On songe bien sûr à ce courant omniprésent dans l’art contemporain qui consiste à sacraliser le sacrilège (il n’y aurait que ce qu’ils appellent l’Art qui serait sacré). On peut penser aussi que n’ayant pas le courage de s’attaquer aux forces actuellement les plus obscurantistes, il leur est plus facile de se joindre à elles pour tirer sur l’ambulance qui pourrait encore sauver quelques uns d’entre nous. Bref, ils disent « apporter une touche de modernité à cette intemporelle histoire d’amour, de rivalité et de trahison, s’opposant sur un fond de guerre menée par les extrêmes d’une société fanatique de la religion. » Mais il n’est pas encore interdit de ne jeter qu’un regard superficiel sur leurs gesticulations et de rester concentré sur la musique :

La preuve par l’exemple. Voici donc le fameux air (Casta Diva, Chaste Déesse) mais cette fois chanté par Sonya Yoncheva dans cette mise en scène étonnante où on la voit en prêtresse chrétienne (les croix..) adresser une prière à la Lune (sic). Et bien je parie l’intégrale de Bellini contre une chanson du prix Nobel Bob Dylan, qu’au bout de quelques secondes vous ne prêterez même plus attention au décor, vous écouterez et vous serez seulement attentif à l’écho de cet air en vous :

paroles :

Casta diva, che inargenti
queste sacre antiche piante,
tempra tu de’ cori ardenti,
tempra ancora lo zelo audace.
Spargi in terra quella pace
che regnar tu fai nel ciel.

Al noi volgi il bel sembiante,
senza nube e senza vel!

Fine al rito. E il sacro bosco
sia disgombro dai profani.
Quando il nume irato e fosco
chiegga il sangue dei romani,
dal druidico delubro
la mia voce tuonera.

Tuoni; e un sol del popolo empio
non isfugga al giusto scempio;
e primier da noi percosso
il proconsole cadra.

 

voici deux liens vers des sites « experts » pour essayer de comprendre davantage :
la mélodie « casta diva »

et l’opéra « Norma » tout entier
Le directeur musical de l’Opéra Royal Antonio Pappano dirige une très belle distribution incluant la soprano bulgare Sonya Yoncheva qui incarne Norma, avec Joseph Calleja, son amour secret, Pollione, Sonia Ganassi dans le rôle de la prêtresse Adalgisa et Brindley Sherratt incarnant Oroveso, le père de Norma.

Voici la traduction française du programme fourni par le ROH :norma-cast-sheet-french

Here, an interview of Sonia Yoncheva and Antonio Pappano (English language)

DURÉE APPROXIMATIVE DE 3 HEURES, COMPRENANT UN ENTRACTE,

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